- SALLIE BISSELL. LA FORET OFFENSEE. In The Forrest Of Harms. Editions du Rocher. 2005. 330 pages. 24x15. Collection ''Grands romans''. Broché. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Aline Weill. 19,90 euros.

1988, Etat-Unis Caroline du Nord. le roman commence par un flash-back In The Forrest Of Harms sur l'héroïne - alors jeune fille - qui rentre au    magasin que tient sa mère et la trouve assassinée. Le reste du roman se déroule 12 ans plus tard, année 2000. Mary Crow, l'héroïne principale, de sang cherokee, est devenue assistant procureur à Atlanta à l'impitoyable réputation. On assiste à la conclusion de son dernier procès pour le viol et l'assassinat d'une jeune femme. Le ''coupable'', fils d'un homme riche et puissant, est condamné. Au terme du procès, Mary prend quelques jours de repos pour partir  camper avec deux amies, elles aussi juristes, dans les montagnes de son enfance à Little Jump Off, Caroline du Nord. Les voilà donc parties, Mary, Alex, une grande jeune femme solide -, et Joan, une petite italienne coquette et pomponnée qui a renoncé à une carrière lyrique et que la perspective de camper inquiète très sérieusement. En arrivant dans son village natal avec ses amies, Mary retrouve son amour de jeunesse, Jonathan, un Indien, qui a repris le magasin de sa mère. Ces retrouvailles réveillent des souvenirs qui l'émeuvent. Après une visite au cimetière sur la tombe de sa mère, elle met le cap avec ses amies sur les montagnes. La voiture est garée, et la randonnée pédestre commence pour de bon. Mais son métier et ses conséquences poursuivent la jeune Indienne. En effet, Mitchell Withman, le frère du condamné, a juré de se venger de Mary. Il la fait suivre par un professionnel engagé à prix d'or, puis il se lance, armé et équipé, à sa poursuite dans les montagnes. Dans ces même montagnes vit Brank, un trappeur, une sorte d'homme des bois solitaire et brutal à l'esprit dérangé.
Et tout ceci, les jeunes femme l'ignorent. La première partie de la randonnée se déroule sans heurt, mais leurs rires au campement le soir attirent l'attention de Brank. Le lendemain, après le bain des jeunes femmes dans une source chaude, Mary s'éloigne de ses amies qui prennent le soleil pour dessiner. A son retour, Alex a disparu, et Joan, sans connaissance, a été  violée et brutalisée. Tous les bagages se sont évaporés. S'engage alors une rude épreuve de survie. Mary parviendra à motiver Joan de se lancer avec elle à la recherche d'Alex et de son ravisseur. De son côté, Alex s'efforcera de ruser avec le trappeur fou afin d'éviter le pire, et de laisser des traces de leurs déplacements. Pendant ce temps, Mitchell - qui est un chasseur expert - a engagé un guide, un Indien criblé de dettes, ami de Jonathan et ancien camarade de classe de Mary, qu'il propose de payer grassement. A mi parcours, près de la source chaude, il le tuera pour poursuivre seul et naturellement, il retrouvera aisément la piste des jeunes femmes.Ne voyant pas revenir Mary et ses compagnes au village comme prévu, Jonathan s'inquiète et part à leur recherche, armé de son fusil. L'aventure se termine près du campement de Brank, une cabane abandonnée depuis des lustres où tous les protagonistes se retrouvent. Joan et Mary tentent de libérer Alex, mais se font prendre par son geôlier. Au cours d'une lutte brutale, Joan finira par tuer son tortionnaire. Un violeur, et un tueur d'enfants de surcroît. Mal en point, les jeunes femmes se croient libres et sortent s'étendre sur l'herbe. Jonathan qui a retrouvé leur trace les rejoint, mais le soulagement est de courte durée. Mitchell Whitman arrive à son tour. Il désarme Jonathan et se propose de liquider Mary et ces témoins gênants. Jonathan sauvera la situation grâce à son couteau, et Mitchell basculera dans la fosse à crotales qui gardait la cabane du trappeur fou ; son portable servira a appeler les secours et la police. Dans un suspense haletant, ce roman dur, violent, qui procède par flashes et retours arrières sur le passé proche ou lointain des uns et des autres, nous fait toucher du doigt la folie, la perversité, la peur, le courage physique et la douleur avec un réalisme sans concession. Y transparaissent aussi le racisme anti-indien, les croyances magiques de ces derniers et leurs difficiles conditions de vie. La nature est omniprésente, vivante, tantôt menaçante, et tantôt d'une beauté surhumaine. La psychologie est fine, l'intrigue menée de main de maître. Un auteur prometteur, un thriller enthousiasmant dont l'intrigue complexe réserve quelques surprises et qu'on a beaucoup de mal à poser. Ce premier roman de Sallie Bissell fait entrer son auteur dans la cour des « grandes dames de la terreur ». Cette sorte de Délivrance au féminin, du film e John Borman, est le premier d'une série qui s'annonce « impitoyable ».

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- SALLIE BISSELL.  LA JUSTICE DES TENEBRES. A Darker Justice. Editions du Rocher. Collection ''Grands Romans''. 2006. 328 pages. 24x15. Broché. Traduit par Aline Weill. 19,90 euros.

Cette nouvelle enquête de Mary Crow, indienne cherokee, procureur adjoint d'Atlanta City, nous entraîne dans les ténèbres d'un complot terrifiant. Elle va devoir affronter les membres d'une organisation qui prône un renouveau américain sur des bases raciales et religieuses plus que douteuses. Alors qu'elle assiste au mariage d'une de ses amies, rescapée comme elle de leur dernière aventure dans les Appalaches, Mary est arrachée à la soirée par l'arrivée d'un policier qui l'enjoint de se rendre d'urgence au tribunal où son patron l'attend. Un nouveau juge vient d'être assassiné. En Californie, tonne le discours d'un prédicateur charismatique d'une secte ultra-nationaliste sur les faux Salomon. Et l'on découvre alors l'origine du crime : le prêtre, très populaire, est manipulé par des adeptes riches et avides de pouvoir qui veulent le pousser vers la présidence des états-Unis. Pour ce faire, ils emploient un ancien tueur de l'armée, Wurth, fort bien payé pour former de jeunes tueurs au service de la secte et donc du complot. Le but est alors d'assassiner le plus discrètement possible douze juges fédéraux, un par mois, afin de réaliser la prophétie de l'illuminé sans qu'on puisse jamais retrouver les coupables. Si Mary Crow est mise sur l'affaire par le FBI, c'est parce que sa vieille amie, son mentor, le juge fédéral Hannah, est la prochaine victime putative et qu'elle refuse toute protection des autorités. Mary retourne alors dans sa Virginie natale pour lui servir de garde du corps et ce, sous la surveillance à distance du FBI. Malgré sa vigilance, le juge est kidnappé et au cours des recherches, Mary sera prise à son tour. L'intrigue est remarquablement construite et dangereusement crédible. Tous les personnages sont développés dans leur épaisseur avec beaucoup de finesse. L'horreur, la peur, l'amitié et la loyauté se partagent la scène de ce roman quasi visionnaire où des tableaux domestiques, campagnards, intimistes et des moments d'humour viennent rompre la tension avant l'accélération finale. L'ouvrage confirme les qualités d'un excellent auteur de suspens et dans une certaines mesure de terreur ; en effet, à chaque page tournée, le lecteur est accompagné d'une délicieuse forme d'appréhension incontrôlable. Ici comme dans le précédent roman, des questions restent en suspens, et l'on attend le suivant avec intérêt.

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Sallie BISSELL. APPELLE LE DIABLE PAR SON NOM LE PLUS ANCIEN. Call The Devil by His Oldest Name. Éditions du Rocher. 2008. 285 pages. 24x15. Broché. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Aline Weill. Remerciements. 22 Euros.

Stump Logan est mort. Du moins, c’est ce que dit le FBI. Mais après la chasse à l’homme qui l’a forcé à se retrancher au cœur des Appalaches, le fuyard ressuscite, reprenant le périple qu’il a entamé trente-cinq ans plus tôt — quand une lueur de haine s’est allumée dans son cœur. À présent, Logan ne désire plus qu’une chose : tuer Mary Crow. Cherokee par sa mère, jeune procureur à Atlanta, Mary Crow en est sûre : le cauchemar va recommencer. En suivant des indices laissés sur la Piste des Larmes, Mary doit débusquer l’homme qui la traque. Mais alors que des vies craquent et se brisent autour d’elle, Mary est bientôt confrontée à une haine insondable, à un cruel mystère dans son passé familial, et à la certitude que d’autres gens sont morts — pour qu’elle meure à son tour… Toujours hantée par le meurtre de sa mère et par le secret de la mort de son père, la jeune femme a perdu, avec sa grand-mère et la juge Hannah, les derniers liens qui la rattachaient à sa famille. À présent que l'amour de sa vie est marié et père d'une petite fille, elle est plus seule que jamais et confrontée au dur procès d'un pédophile. Mais l'enlèvement de sa filleule lors d'un rassemblement d'Indiens venus protester contre un projet de construction immobilière sur un ancien site funéraire, va la confronter à nouveau à son passé et à ses blessures. Lancée à la poursuite du ravisseur, elle parviendra peut-être à découvrir le criminel qui semble avoir juré la perte de sa famille. Dans ce troisième volet, peut-être encore plus noir que les précédents, le malheur et la solitude font tendre le personnage de Mary vers une sorte d'épure. En nous confrontant à nouveau à l'un de ses thèmes favoris, la violence et son impact traumatique, Sallie Bissell compose un personnage de “ méchant ” qui incarne le diable dans ce qu'il a de plus terrifiant et de plus archaïque.

Sallie Bissell vit entre Nashville, Tennessee, et Asheville en Caroline du Nord. Avec le personnage de Mary Crow Sallie Bissell a créé une héroïne de roman policier à la fois classique et originale ; ce troisième volet vient après La Forêt offensée (2004) et La Justice des ténèbres (2006), publiés dans la présente collection.

Judith A. JANCE. LE JOUR DES MORTES. Editions SW Télémaque. Collection « Entailles ». Day of the Dead. 2008. 416 pages. 20x14. Broché. Traduit par Véronique Dumont. 16,50 Euros.

Novembre 1970, Arizona. Le cadavre d'une jeune indienne est retrouvé en morceaux dans une glacière, en plein désert. Trente ans plus tard, l'enquête est rouverte et va plonger les familles de la réserve du comté de Pima dans un cauchemar mêlant spiritualité indienne, secrets de famille et action humanitaire affreusement dévoyée. La connaissance de l’auteur sur les Tohono O’odham est remarquable. A la fois ethnologue et romancière, ce livre demeure à ce jour une des meilleurs introspection par le biais du roman « noir » d’une ethnie indienne d’Amérique du Nord. Judith A. Jance laisse loin derrière elle le convenu et le téléphone où les découpage de chapîtres, la structure générale, les intrigues procèdent du même travail, des mêmes systématismes. Dire que le livre est étonnant fait partie du service minimum… !

Judith A. Jance, longtemps enseignante dans la réserve indienne des Tohono O'odham, rapporte dans ses romans des événements dramatiques le plus souvent basés sur des faits réels. Elle fait partie depuis 2006 de la prestigieuse sélection des bestselling authors du New York Times.

- KIRK MITCHELL. LA MORSURE DU LEZARD. Spirit Sickness. Editions du Rocher. Collection ''Thriller''. 2002. 410 pages. 24x16. Broché. Traduit par Daniel Lemoine. 20,50 Euros.

Emmett Parker, flic comanche, et Anna Turnipseed, qui sont très liés... enquêtent sur la réserve navajo suite à un meurtre étrange où remonte à la surface le Chindi (fantôme), redouté dans les traditions dinés, et le reptile dont les origines se retrouve dans les mythes de Création navajo (Diné-Bahané). L'histoire est menée de main de maître et nos ''héros'' sont confrontés à la fois au monde moderne qui écrase les Indiens, ici, des jeunes délinquants apaches par exemple, et la crainte des histoires issues des mythes de Création. Comme pour l'autre roman, on a vraiment envie ensuite d'en savoir vraiment plus sur les tribus du Sud-Ouest, tout en ne décollant pas le nez de l'ouvrage.

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KIRK MITCHELL. LA MALEDICTION DES ANCETRES. Ancient Ones. Editions du Rocher. Collection ''Thriller''. 2003. 396 pages. 24x16. Broché. Traduit par Daniel Lemoine. 20 Euros.

Un policier comanche, Emmett Parker et un agent du FBI, une indienne modoc, Anna Turnipseed, tels sont les personnages de cet écrivain - ex-flic attaché aux réserves indiennes du Sud-Ouest - qui bien sûr peut faire penser à Tony Hillerman. Mitchell cependant est très original et approndit bien son sujet. Les deux ''héros'' de l'auteur sont ici confrontés à une série du crime qui ont lieu à côté de la réserve Warm Spring dans l'Orégon. Il s'agit d'ossements humains retrouvés et qui mettent en cause la présence première des Indiens sur le continent. Une enquête ardue, terrible où les protagonistes se meurent entre questionnement existentiel, survie sur la réserve. On retient son souflle en apprenant des éléments d'histoire qui donnent envie d'en savoir plus.

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